Ce 17 février 2020, veille de la ligue des champions, se déroulait à Stamford bridge une rencontre entre deux prétendants à sa qualification. C’est Manchester qui l’emporte, dans une rencontre où le score ( 0-2 ) reflète assez mal le contenu d’un match équilibré. Que s’est il passé ? 

Lampard aligne un 4-3-3 avec des latéraux très hauts tandis que Manchester United est disposé en 3-4-1-2 par Solskjær.

Manchester United se place plutôt haut sur le terrain et oblige Caballero à jeter ses ballons devant. C’est la même chose dans l’autre surface avec Batshuayi qui court beaucoup en début de rencontre.

Dès la 3ème minute Bailly craque face au pressing de Pedro qui rate ensuite son occasion. Mauvais départ pour la défense de United, qui subit aussi les conséquences d’un placement assez haut d’un Kanté tranchant. Malheureusement, le marathonien français se blesse à la 12ème minute. et c’est visiblement un problème musculaire à la cuisse gauche. A suivre car l’euro approche à grands pas ( note : l’euro est maintenant reporté à cause du coronavirus ), Une indisponibilité de Kanté serait catastrophique pour les bleus de Didier Deschamps. Stamford bridge se lève et ovationne Kanté a sa sortie, qui rentre tout de suite au vestiaire

Du côté de Manchester United, c’est Bruno Fernandes et Fred qui apportent toute la créativité de l’équipe. En particulier Fred, qui trouve souvent la passe juste vers l’avant même si ses coéquipiers n’exploitent pas très bien ces ballons. 

Manchester United se place très haut sur les sorties de but, et Chelsea essaie de s’appliquer à la relance basse pour repartir proprement. Cela marche plutôt bien, car Rüdiger n’hésite pas à jouer dans la verticalité, notamment pour Kovacic, disponible aux 4 coins du terrain ce soir, ce qui étire bien le bloc resserré de United. Ce bloc laisse très clairement le ballon aux blues. A la fin du match, Chelsea a plus de 61% de possession. Mais sur les 5 matchs où United a eu moins de 50 pourcent de possession ils ont gagné 5 fois. Donc ils sont assez confortables avec cette idée de laisser le ballon aux adversaires, un peu comme Montpellier en ligue 1. 

Les joueurs de Chelsea, surtout les latéraux, font donc beaucoup d’efforts pour aider leurs offensifs et créer un surnombre en attaque. il suffit de regarder la carte de chaleur des latéraux pour le comprendre. Plus une zone est colorée, plus le joueur y a passé du temps. Cela nous montre bien la répétition des courses d’Azpilicueta sur son côté gauche.

Dans la courte période où Chelsea joue a 10 ( suite à la blessure de Kanté ), Manchester se procure une belle occasion par l’intermédiaire de Fred. Mais la frappe est déviée et le corner ne donne rien.

Au coup d’envoi, les mancuniens n’ont pas marqué depuis plus de 300 minutes, et le problème offensif est réel et criant. Ce n’est pas un problème de finition, mais c’est un problème tactique. Quand un attaquant de United est trouvé, souvent Martial, il est presque tout le temps dos au but et ses équipiers lui proposent peu de solutions. 

A partir de la 20ème minute le match gagne vraiment en intensité, et le jeu devient plus verticale, surtout a l’avantage de Chelsea qui reste haut sur le terrain, exposé aux contres mancuniens.

La différence de comportement entre les deux entraîneurs est frappante. D’un côté Ole Gunnar Solskjær reste très calme, assis sur son banc. C’est l’une des critiques qui est régulièrement faite au technicien norvégien. De l’autre Lampard, debout en gesticulant, apostrophe ses joueurs, surtout pour les replacer. 

Jorginho a du mal à trouver les passes précises pour casser les lignes du bloc mancunien et fait perdre nombre de ballons à son équipe, ce qui contribue aussi à agacer son coach.  

Pedro lui, a l’inverse, réussit bien ce qu’il fait et trouve souvent Azpilicueta, qui centre avec plus ou moins de réussite. 

C’est sur les corners que United se procure le plus d’occasion, et cela soulève le problème majeur de cette équipe. Le problème majeur de Manchester ne se situe pas au niveau de la finition, contrairement à Chelsea qui se procure beaucoup d’occasions infructueuses, mais au milieu de terrain selon moi. En effet, les latéraux peinent à trouver leurs attaquants dans de bonnes dispositions et, quand ils cherchent la profondeur ils ratent souvent leurs passes. Pour illustrer cela, il suffit de regarder le pourcentage de passes réussies par Wan-Bissaka et Williams, les 2 pistons de United. C’est respectivement 60% et 74%. Des chiffres ridicules, surtout si on les compare avec ceux des blues, qui sont de 74 % pour Cesar Azpilicueta et de 90% pour Reece James.

Félicitations à l’arbitre, Anthony Taylor,  qui trouve la simulation de William à la 36ème minute et le sanctionne logiquement d’un jaune. C’est une situation qu’on ne voit quasiment jamais en France, et qui se produit régulièrement de l’autre côté de la manche. 

Les deux équipes sont imprécises dans leurs frappes. En effet, alors qu’il y a eu de nombreuse occasions, il n’y a toujours pas de tirs cadrés à la 38ème. 

Daniel James est invisible et rate tout ce qu’il entreprend. C’est du au fait qu’il soit complètement isolé, qu’il ne reçoive jamais de ballons et qu’il fasse très peu de bons appels. Son match est catastrophique et il touche très peu de ballons, seulement 22. Sur cette carte de chaleur, on voit bien qu’il a peu d’impact. 

Sur le but de Martial à la 45ème, le travail de Wan-Bissaka est formidable. En effet, il fait un superbe travail : un une-deux avant de passer son vis-à-vis et de déposer un superbe centre sur la tête de Martial qui croise son ballon et ne laisse aucune chance à Caballero. 

A la mi-temps, les joueurs de Chelsea rentrent au vestiaire dépités, et ils se rappellent qu’ils n’ont gagné qu’une seule fois face à une équipe du top 8 cette saison. 

Au retour de la pause, les blues sont plus motivés que jamais et veulent à tout prix égaliser. Mais ils se précipitent un peu et manquent de repère entre eux sur le terrain. c’est très notable au milieu où Matic tente des passes impossibles. 

Les Blues font rentrer Zouma à la place de Christensen, qui s’était  fracturé le nez avant la mi-temps. On sait que c’est toujours difficile de trouver ses repères en rentrant quand on joue en charnière centrale et ça se confirme.

Les attaques de Man United se déroulent en majorité sur le flanc gauche, mais Martial a quelques difficultés, et a besoin des dédoublements astucieux de Show pour donner son ballon. 

James, complètement perdu, pense que c’est une bonne idée d’aller aider Martial sur le côté gauche alors qu’on a besoin de lui dans l’axe. 

Quand Chelsea arrive à mettre la pression aux défenseurs de United, ils récupèrent un grand nombre de ballons, surtout par l’intermédiaire de Maguire qui ne prend jamais aucun risque et botte en touche dès qu’il sent un adversaire à proximité. 

Le bloc mancunien est bas et ils attendent des Blues à qui il manque de la précision dans l’avant dernière passe et surtout à la finition, un problème récurrent.

Et c’est finalement sur un corner que Zouma ( qui ratait plutôt son entrée jusque là ) croit délivrer Stamford Bridge. Mais le but est refusée par la VAR pour une faute offensive d’Azpilicueta, plus ou moins évidente étant donné qu’il subit une faute avant de commettre la sienne dans la surface de réparation. 

Après ce but annulé, Chelsea se précipite encore plus et se crée tout seul un problème à la remontée du ballon puisque nombreux sont les joueurs qui décrochent, mais ils sont trop et ils se marchent un peu sur les pieds, en laissant des trous béants au milieu. 

Quand sur un contre, Chelsea trouve une opportunité, elle est gâchée par une imperfections technique. Et le manque de réalisme de Chelsea est sanctionné par Maguire qui met au fond des filets un ballon déposé sur sa tête sur un corner par Fernandes, qui s’illustre bien dans cette fin de rencontre. Il  est transcendé par ce but et réussi alors tout ce qu’il entreprend, notamment avec des centres parfaits. 

Gros coup sur la tête pour Chelsea et gros coup pour United qui se place à 3 points de leur adversaire du jour, et à deux points de Tottenham. 

Giroud entre en jeu. Enfin du temps sur la pelouse pour l’international français. Il rentre pour aider sur coup de pied arrêtés mais c’est dans le jeu qu’il est précieux, contre toute attente, car il trouve de bonnes passes qui font bien avancer son équipe.

James est transparent et le seul moment où on le voit est sur un jaune qu’il reçoit pour une faute sur William,et il sort logiquement, remplacé par Pereira. 

Et Giroud inscrit le deuxième but refusé pour Chelsea, dans une superbe action où il réussit un beau geste d’attaquant, une très belle tête. . Hors jeu, vraiment ? Il est hors-jeu d’un bout de chaussure et c’est vraiment triste de voir ce but refusé pour Giroud, un joueur en manque de confiance qui a besoin de buts comme celui-ci pour se relancer. Exaspéré par ces deux buts annulé, Stamford Bridge chante “ VAR kills football”. Le deuxième but refusé échauffe les esprits londoniens et les cartons jaunes commencent à être nombreux : Rüdiger, Zouma, Pedro, Willian, Wan-Bissaka, Fred et Williams. 

Giroud dégouté

Giroud est excellent dans ses remises dos au but. Il arrive tout le temps a avoir le temps d’avance nécessaire pour placer le bout de chaussure qui lui permet de transmettre un bon ballon à son coéquipier. Chelsea pousse beaucoup mais bute sur un bloc très compact.

Chelsea se découvre beaucoup et offre d’énormes occasions à Manchester, a l’image de celle ratée par Ighalo à la 92ème sur son 3ème ballon 

Quels enseignements peut on tirer de ce match ? 

  • Un sérieux problème de finition à Chelsea : ils sont à 0.89 xGoals sur ce match là et pas un seul but. Le constat est encore plus dramatique à l’échelle d’une saison, où ils sous performent de 6.90 xGoals.
  • Manchester United en pleine réussite : peu d’occasions et un grand réalisme.
  • Le blessure de Kanté : on prie pour que ça ne soit pas trop grave. 

Félix Couraud

Créateur de pour le jeu

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